Voyage d’affaires : aller au-delà de la compensation

Des offres technologiques qui s’adaptent

Guillaume Ridolfi souligne également la demande croissante de services : « On souhaite de plus en plus que les agences soient des acteurs technologiques, avec des services garantis par des outils apportés. Les TMC ont généralement moins de personnels disponibles sur leurs plateaux qu’avant la période du Covid-19. Les collaborateurs dans les agences deviennent plus spécialisés, plus ciblés, avec des offres VIP élaborées pour des voyages complexes, d’autres offres spécifiques conçues pour des voyages consolidés dans lesquels on regroupe plusieurs rendez-vous au sein d’un même pays. » Les prix plus élevés pratiqués par des agences s’explique aussi par la meilleure prise-en compte des garanties et impératifs RSE. « Nous avons mis en place H-Carbon récemment, pour connaître le taux de CO2 lors de chaque réservation. C’est un service très apprécié. En tant que prestataire, si on néglige aujourd’hui ce volet, on sera vite menacé », explique Salomé Mogier. La définition des politiques voyages en ressort chamboulée, dans ce contexte. L’accompagnement dans ce sens gagné du terrain. « Nous aidons à la mise en place d’un système de contrôle pour éviter les déplacements non essentiels : Ce travail passe par les visioconférences qui peuvent être à privilégier, les regroupements de rendez-vous sur un même lieu de destination… Nous avons de plus en plus de demandés pour réduire la voilure carbone sur un typé de déplacement donné, qu’il soit récurrent ou non », indique Saad Berrada. Les suivis grâce aux reportings permettant de mieux mesurer l’efficience de choix rencontre également une demande croissante.
Concrètement, mettre le côté écoresponsable au centre de la décision se traduit par le recours à des outils qui comparent différents moyens de transport et orientent le choix de l’utilisateur en fonction du critère écologique, à l’inverse des solutions classiques qui proposent un billet d’avion lorsque la demande concerne un billet d’avion, ou un billet de train lorsque le souhait concerne un billet de train. « À terme, nous voulons proposer des itinéraires tenant compte de l’ensemble d’un déplacement,’ porte-à-porte, des déplacements très courts aux plus longs qui composent un voyage », Confie Saad Berrada. Il est toutefois à souligner qu’il importe de rester réaliste malgré tout : « On ne va en aucun cas proposer le train si on perd 3 heures dans la même journée. Les politiques voyages doivent tenir compte des aspects métiers, des contraintes business de chacun », conclut-il.

 

 

Et si on pensait TTR [pour temps de trajet responsable] ?

Et si les services de ressources humaines devenaient un rouage de l’exemplarité des comportements écoresponsables en entreprise ? Le TTR (temps de trajet responsable), initié par l’entreprise Ubiq, spécialiste de la gestion de l’immobilier de bureau, dans le but d’inciter ses collaborateurs à privilégier des voyages plus écologiques, s’inscrit dans cette logique. En partant du constat qu’un passager en avion émet 20 fois plus de CO2 par kilomètre qu’un passager en train, Ubiq a mis en place ce mécanisme original pour faire en sorte que les trajets eh train, bus ou covoiturage soient privilégiés par ses collaborateurs pour leurs voyages, là où l’avion aurait été une option plus rapide. Le salarié ayant fait un tel choix bénéficie d’une journée “semi-off” pour son trajet, au cours de laquelle il est invité à travailler uniquement quand il en a la possibilité. Une connexion limitée permet par exemple de répondre à quelques e-mails, de lire une étude ou de réfléchir à un sujet de fond, avant de profiter d’un week-end d’impact carbone limité. Ce TTR permet d’obtenir un jour tous les 6 mois soit 2 jours maximum par an. Ces journées peuvent être prises en plusieurs demi-journées pour plus de flexibilité.

 

Auteur:
Mathieu Neu
Date:
01 Juillet 2023
Media:
Décision Achats
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